Les statistiques parlent d’elles-mêmes: c’est l’industrie qui crée la richesse. Il semble que l’on a oublié à quel point le secteur secondaire est le véritable pourvoyeur de valeur ajoutée.
La première révolution industrielle avec la machine à vapeur, puis la seconde avec l’électrification des machines-outils ont créé tellement de richesses que l’importance de l’industrie était évidente pour tous les politiciens de l’époque.
Mais avec la troisième, celle des ordinateurs, des machines à commande numérique et des robots, on a alors beaucoup parlé de destruction d’emplois. Margaret Thatcher et Ronald Reagan ont alors joué la carte de la création d’emploi par les services, il fallait absolument lutter contre le chômage par la tertiairisation du travail et la question de la création de richesse est passée au second plan.
Depuis, partout en Occident et y compris en Suisse, l’argumentaire sur l’emploi domine tout discours politique. C’est comme si l’emploi créait la richesse!
Une désindustrialisation catastrophique
Inexorablement depuis le milieu des années 70, l’Europe se désindustrialise. L’Angleterre et la France misent alors sur leurs capitales et font de Londres et de Paris des hauts lieux du secteur tertiaire pour compenser les millions d’emplois disparus dans leur industrie manufacturière. Délocalisations pour une main-d’œuvre bon marché, externalisations d’activités et gains de productivité expliquent pourquoi le secteur secondaire ne contribue plus qu’à 19% de la valeur ajoutée et à 17% des emplois en Europe. Et l’image négative véhiculée par une industrie productiviste peu soucieuse de l’humain et de l’environnement n’a pas aidé.
La Suisse a pris du retard dans la gestion politique du changement.
Mais la pandémie de Covid-19 a remis en lumière l’importance d’une industrie souveraine, les problèmes d’approvisionnement (masques, produits chimiques et pharmaceutiques, microchips…) ont rappelé la nécessité de l’accessibilité à certains biens manufacturés essentiels.
Produire localement. De grands pays songent à faire machine arrière, cela sera long, compliqué et coûteux. Mais cette désindustrialisation principalement au profit des pays asiatiques n’a pas eu lieu partout.
Les savoir-faire de Neuchâtel
A Neuchâtel, dans les années 80 pour lutter contre le chômage, Karl Dobler, le chargé du développement économique du canton, favorisa l’implantation d’entreprises étrangères. Heureusement pour le canton, plusieurs sociétés industrielles s’installèrent à Neuchâtel, principalement attirées par ses savoir-faire. En Suisse romande aussi on peut constater que l’industrie est encore bien présente après ces années de désindustrialisation occidentale et dans un canton comme Neuchâtel, elle représente même plus de 52% de la création de richesse pour plus d’un tiers des emplois. C’est énorme! C’est presque unique en Europe!
Le phénomène Neuchâtelois – même s’il n’est pas unique en Suisse, Bâle fait mieux grâce à la pharma – est instructif a plus d’un titre.
D’abord parce que ce n’est pas l’image que le canton dégage. On peut même dire pas du tout… A force de focaliser sur l’emploi, on ne voit qu’un taux de chômage «élevé» et le poids de l’aide sociale… Et pourtant, c’est la puissance de création de richesse de son industrie qui devrait être valorisée.
Ensuite, influencé par la prise de conscience mondiale, le monde politique se préoccupe plus de l’environnement que de l’industrie.
Enfin, l’industrie a mauvaise presse. Elle n’est pas encore considérée comme la réponse au changement climatique. Et pourtant, c’est elle qui par sa prochaine révolution va apporter «les» solutions. A n’en pas douter.
La révolution de l’industrie 4.0
A la veille de la 4e révolution industrielle, celle du machine learning et de l’autonomisation, qui devrait être la plus importante de toutes, les cartes vont être redistribuées car les deux enjeux majeurs sont l’écologie et le numérique. Il va falloir produire «propre», à «proximité» tout en étant «performant».
Ce sont des transformations tellement majeures que certaines nations, l’Allemagne en tête, mobilisent toutes leurs ressources.
Mais la Suisse a pris du retard dans la gestion politique du changement. Imaginez! Nous sommes le seul pays industrialisé au monde à ne pas avoir de ministre (ou de secrétaire d’Etat) dédié à l’industrie. Il est peut-être temps de considérer le secteur secondaire pour ce qu’il est: l’avenir de notre bien-être.
Par Xavier Comtesse, Philippe Grize et Jonas Pipoz. Site AGEFI https://tinyurl.com/yptatcdp
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